Note publique d'information : Depuis les années 1990, les collections anthropologiques des institutions muséales
constituées de restes humains sont l’objet de vifs débats. Les collections françaises
n’y dérogent pas. Leur histoire est au cœur des discours et interroge l’appréhension
de nouvelles pratiques. Cette thèse se propose de comprendre quelle histoire, son
unicité ou pluralité, ainsi que les acteurs, les modalités et les enjeux de sa construction
actuelle. Elle cherche également à confronter cette lecture historiographique à une
reconstitution précise de l’histoire scientifique et sociale de ces collections françaises
singulières, du moment de la récolte à aujourd’hui. Le choix méthodologique a été
de privilégier la micro-histoire qui permet une lecture processuelle et configurationnelle
en donnant aux acteurs toutes leurs voix. L’établissement de biographie culturelle
de ces « corps-objets » a permis de suivre et d’appréhender les dialectiques sur un
temps long ainsi que d’analyser les formes de dépendance entre passé et présent. Le
choix s’est porté sur les restes anatomiques de Saartjie Baartman, dite la « Vénus
hottentote », et le crâne du chef kanak Ataï, tous deux conservés au Muséum national
d’histoire naturelle. Ce travail repose sur l’analyse de nombreuses archives inexplorées
et pour la partie contemporaine, sur celle des débats et textes législatifs, muséologiques,
médiatiques et suivis de scientifiques et conservateurs. La recherche a mis en lumière
les logiques de mise en exposition, processus allant de la récolte des cadavres, leur
transport puis transformation en objet scientifique, à leur inscription dans des espaces
muséographiques. Elle s’achève par la construction de leur restitution. Cet écrit
tente ainsi de synthétiser les diverses facettes des débats et des enjeux moraux et
politiques dont furent l’objet, directement ou indirectement, Saartjie Baartman et
Ataï. Par un jeu d’échelles, il montrera que le destin post-mortem de ces deux personnes
fut complexe et multiforme, contrairement aux lectures contemporaines mémorielles,
pénétrées de réduction ou d’anachronisme. Elle analyse aussi les hésitations et compositions,
en retour, des scientifiques. Finalement, les restes humains des musées se refusent
à toute catégorisation simple.
Note publique d'information : Since 1990, human remains of anthropological collections in museums give rise to arguments.
That thesis compare current historiographic interpretations to a precise reconstitution
of the scientific and social life of French collections, till gathering of corpse,
transportation, transformation, public display to current return. Anatomic body of
Saartjie Baartman, the "Hottentot Venus", and the skull of the kanak leader Ataï,
constitute both biographies of that research.