Note publique d'information : Le plus grand hérétique du IIe siècle – dont le système s'explique moins comme le
produit d'un paulinisme intégral que comme une des efflorescences de la pensée gnostique
– avait dressé, contre l'Église de la tradition judéochrétienne, une Église rivale
qui se réclamait de la seule « nouveauté » néotestamentaire. Église florissante à
Carthage même où, au début du IIIe siècle, Tertullien entreprend de réfuter sa principale
thèse, celle de la nécessaire distinction entre un dieu créateur et juge (celui des
juifs) et un « dieu inconnu », « étranger au monde », dieu de toute bonté qui s'est
révélé en Jésus-Christ. De cette entreprise est sorti un ouvrage méthodiquement construit
en cinq livres, notre principale source pour l'étude de cette hérésie et, en même
temps, une « mine pour la théologie, l'histoire, l'exégèse, les formes de la polémique
chrétienne » (Labriolle). Écrit en 207-208, le livre I traite du dithéisme. Il établit
l'unicité divine par une réflexion qui s'appuie sur la pensée philosophique comme
sur le donné de la Révélation, et il montre l'inconsistance, l'inexistence d'un prétendu
« dieu inconnu », artisan du seul salut de l'homme. Vigueur et netteté pour conforter
les vérités de la foi, art des formules éclairantes, virtuosité polémique sont également
remarquables dans ce premier volet.