Note publique d'information : Pourquoi pétitionne-t-on ? C'est à cette question apparemment prosai͏̈que, mais largement
délaissée par la science politique, qu' est consacré ce travail. On y montre que ce
sont les caractéristiques même que les chercheurs attribuent au pétitionnement qui
le rendent particulièrement fécond pour questionner certaines des théories de la sociologie
des mobilisations, des médias et des comportements politiques. En effet, le pétitionnement
se heurte à un double paradoxe -pourquoi accepter de prendre en charge les coûts du
pétitionnement alors que les biens revendiqués ne nous reviendront pas en propre et
que cette pratique est supposée insuffisante pour obtenir lesdits biens- qu' on ne
peut résoudre que par deux biais. D'abord, en s'interrogeant sur les limites de validité
de 1'hypothèse de rationalité, en mettant en évidence les conditions d'actualisation
d'un "sens pratique pétitionnaire", les "conditions de félicité pétitionnaire ". Ensuite,
en abandonnant une conception intrinsèque, segmentée, indépendante, substantialiste
et homogène de la rationalité - celle qui pense l'action pétitionnaire à partir de
ses fonctions ou de son efficacité substantielle -, pour défendre une conception intersubjective,
combinée, plurielle et hétérogène de la rationalité et s'interroger sur les usages
du pétitionnement, c'est à dire sur la façon dont les agents sociaux qui y sont pour
une raison ou une autre intéressés s'en servent - et, de ce fait, le servent et le
constituent - de manières extrêmement diverses. C'est la fécondité de cette "problématique
des usages pluriels" pour analyser les différentes formes de mobilisation -et, au-delà!-
que cette thèse a l' objectif d'illustrer en montrant qu'une pétition ne saurait être
comprise qu'à partir des appropriations complémentaires et contradictoires dont elle
est l' objet de la part de différents actants : ses destinataires, ses médiateurs,
ses promoteurs et ses signataires. Ces derniers constituent les points d'entrée de
chacune des parties.