Note publique d'information : En opérant dans le monastère mérovingien de Sithiu une division entre une communauté
de moines et une communauté de chanoines, l’abbé Fridugise scellait, au début du IXe
siècle, l’acte de naissance de deux établissements appelés à occuper une place majeure
dans le paysage ecclésiastique du Nord de la France : l’abbaye de Saint-Bertin et
la collégiale Notre-Dame de Saint-Omer. Si l’histoire de la première a été jusqu’à
présent assez bien débroussaillée, celle de la seconde reste largement en friche.
Grâce aux riches archives qu’elle nous a laissées, la collégiale de Saint-Omer constitue
cependant un observatoire privilégié de l’organisation, du fonctionnement et des horizons
d’une communauté de chanoines séculiers au Moyen Âge. Pour autant, par la place originale
que lui confèrent ses origines, par la convoitise que suscite assez tôt sa richesse,
et par le rapport très particulier qu’il entretient avec son passé, l’établissement
n’a rien d’exemplaire – les chanoines en convenaient d’ailleurs eux-mêmes, qui, pour
revendiquer son exemption de l’ordinaire, le qualifiaient à la fin du XIIIe siècle
d’« ecclesia alterius conditionis ». Invitant à confronter les acquis récents de la
recherche au témoignage des sources, l’enquête à laquelle se prête la collégiale audomaroise
suppose non seulement la relecture de textes déjà connus et étudiés, mais aussi l’exploitation
de documents en grande partie inédits, en particulier l’imposant fonds d’archives
de l’église. C’est donc à un travail parallèle d’enquête historique et d’édition de
textes que se livre cette thèse, qui met en lumière les origines et la construction,
entre le IXe et le XIIIe siècle, de cet établissement singulier
Note publique d'information : In the early ninth century, Abbot Fridugisus divided the Merovingian monastery of
Sithiu into a community of monks and a community of canons, thus giving birth to what
would eventually become two of the major religious houses of northern France: the
abbey of St. Bertin and the collegiate church of Our Lady of St. Omer. Whereas the
history of the former is relatively well known, the latter still begs study. The many
extant documents from the collegiate church of St. Omer make it possible to investigate
the organisation, workings and outlook of a mediaeval community of canons secular.
Yet the remarkable origin of their house, their much-coveted riches (accumulated from
an early date) and their specific attitudes towards their own past made them an atypical
community. They expressed this reality in their own words in the late thirteenth century,
by claiming that an ecclesia alterius conditionis such as theirs should be exempt
from episcopal authority. The present study reconsiders recent scholarship in the
light of original source material, relying on texts previously edited and discussed
but also on a wealth of unpublished documents, mainly from the church’s impressive
archive. Comprising both an original historical narrative and a collection of primary
sources, it sheds new light on the origins and development of this unusual community
from the ninth to the thirteenth century