Note publique d'information : L’un des mérites de la Physique, au cours de son histoire, est d’avoir progressivement
montré que la complexité de la connaissance scientifique n’est pas essentiellement
due aux limites de l’intelligence humaine ni à la faillibilité des outils conceptuels
et techniques de la science, elle pourrait être constitutive de la nature même des
phénomènes de l’univers. C’est dans cet ordre de considération que la pensée de Duhem
interpelle l’épistémologie contemporaine, lorsqu’elle investit la méthode classificatoire
à la fois comme révélatrice de cette complexité et vecteur de dynamisme scientifique.
Si la conscience de la part que représente la notion de classification dans la pensée
scientifique n’est pas un débat nouveau, en revanche, ce qui l’est dans l’épistémologie
duhémienne tient essentiellement dans les effets induits de l’application de la classification
à la théorie physique. En quel sens peut-on dire que l’idée duhémienne de classification,
en tant que traduction d’une méthodologie de type représentationniste, fournit une
nouvelle grille de lecture des phénomènes de la nature dans le cadre des sciences
physico-chimiques, en même temps qu’elle se détermine comme une interface entre l’épistémologie
classique et l’épistémologie contemporaine ? La présente étude n’examine pas seulement
la nature, les mécanismes internes et les apports de la méthode classificatoire en
termes d’objectivité, de productivité théorique et de prédictibilité ; les propositions
qu’elle formule montrent que les implications épistémologiques de la notion de classification
reposent incontestablement le problème de l’objectivité du discours philosophique
sur la science.
Note publique d'information : One of the merits of Physics, during its history, is to have gradually shown that
the complexity of scientific knowledge is not essentially due to the limits of human
intelligence nor to the fallibility of the conceptual and technical tools of science.
This complexity could simply result from the inherent nature of the universe. It is
in this context that Duhem’s thought challenges contemporary epistemology by analysing
the classificatory method as it both reveals this complexity and is a vector of scientific
dynamism. While the contribution of the notion of classification to scientific thought
is not a new question, what is new in the “Duhemian” epistemology lies essentially
in the effects induced by the application of classification in physical theory. In
what sense can we say that the “Duhemian” idea of classification, as the translation
of a representationist methodology, provides a new interpretation of the phenomena
of nature within the framework of the physical and chemical sciences, at the same
time as it is constructed as an interface between classical and contemporary epistemology?
The present study not only examines the nature, the internal mechanisms and the contributions
of the classificatory method in terms of objectivity, of theoretical productivity
and of predictability but it also formulates propositions that show that the epistemological
implications of the notion of classification indisputably reconfigure the problem
of the objectivity of philosophical discourse about science.