Note publique d'information : En réponse aux cycles de violences de masse et à la guerre civile qui ont jalonné
son histoire douloureuse, le Burundi s’est engagé dans un processus de justice transitionnelle,
officiellement depuis la signature des Accords de paix d’Arusha en 2000. Malgré la
mobilisation des énergies internationales et l’omniprésence de la problématique au
sein du débat public depuis douze ans, seules des consultations nationales destinées
à recueillir l’avis de la population burundaise sur le sujet ont été organisées en
2009. Á l’aube de la mise en place d’une Commission Nationale de Vérité et de Réconciliation,
à laquelle devrait être associé un tribunal spécial, le constat de la nature globale
de la justice transitionnelle s’impose. Cette globalité s’exprime à travers le recours
à des instruments à la fois judiciaires et extra-judiciaires mais également à des
outils ayant vocation à s’appliquer de façon immédiate (ou conjoncturelle) et durable
(ou structurelle). D’une part, dans une perspective normative et légaliste, le processus
global de justice transitionnelle semble être cause d’inerties et de blocages comme
peut a priori l’illustrer le cas du Burundi. D’autre part, à la lumière d’une approche
systémique et inclusive, la globalité est au contraire source d’évolutions et d’émulations
qui stimulent la créativité de la justice transitionnelle comme le démontre également
le Burundi. Cette justice elle-même en transition est en réalité une justice réconciliatrice
porteuse de doutes mais aussi d’espoirs. Elle est une justice complexe qui s’invente
chaque jour, qui ne peut être efficace et efficiente qu’à condition d’être adaptée,
légitime et appropriée par ceux à qui elle est destinée. Elle implique que soient
trouvées des réponses satisfaisantes aux souffrances et aux besoins indissociables
des victimes et des auteurs des violences de masse d’hier et des injustices sociales
d’aujourd’hui. Elle a aussi pour ambition de prévenir la commission des crimes du
futur en participant au renforcement de l’État de droit et, de façon plus globale,
de rompre avec l’histoire de violences symboliques et actives subies et perpétrées
au Burundi.
Note publique d'information : As an answer to cycles of mass violence in Burundi, a transitional justice process
has been opened. The Burundian case study presents some particularities among this
kind of process. Whereas the Arusha peace and reconciliation agreement for Burundi
in 2000 decided setting up two transitional justice instruments, a special court and
a Truth Reconciliation Commission, the transitional justice process has not begun
yet. Only National Consultations were organized in 2009. The negotiations and the
mediation occurred during the ongoing war. There were no winners and no losers but
just armed men who decided to discuss in order to conquer the power and then to keep
it. That may explain why negotiations were so longer and staggered. A sort of consociativisme
system was set up in Burundi as the model organization of power-sharing. Inside the
politic game of power-sharing the peace-justice dilemma appears through instrumentalization
of retributive justice which is assimilated to justice and the truth and pardon which
claim referring to peace. Another particularity is found regarding numerous judicial
and legal reforms relatively to children rights, lands conflict, electoral law or
Criminal Code. On the eve of the implementation of the Truth Reconciliation Commission,
the global nature of the transitional justice process is obvious. The Burundian context
appears as an illustration of the extensive meaning of transitional justice which
represents a justice in transition. The global nature of the matter is emerging through
its temporal and disciplinary versatility. On one hand, transitional justice seems
to be past justice, currently justice and future justice at the same time and on the
other hand it may take several forms out of the official one, initially predicted.
In a legalist and normative view, global nature of justice in transition might cause
deadlock regarding the case of Burundi. In a systemic and multidisciplinary perspective,
global nature of justice in transition reveals change capacities according to the
case of Burundi. What really matter in such transitional justice process is relieving
victims and perpetrators’sufferings which are undeniably linked and bringing answers
to each protagonist of the crime as to the society with the permanent and ambitious
aim of reconciliation.