Note publique d'information : Il suffit de prononcer le mot manga pour que surgissent toute une série de représentations
: des yeux écarquillés et des silhouettes japonaises, des minijupes avec socquettes
et des exosquelettes, le Club Dorothée et les jeux vidéo... On imagine aussitôt des
adolescents enfermés dans leur chambre à feuilleter des opus au papier de mauvaise
qualité, au risque de devenir incultes, voire asociaux et violents. Peut-on d'ailleurs
les appeler « lecteurs », ces jeunes qui délaisseraient ainsi les livres, ou même
la bande dessinée franco-belge, soudain auréolée d'une légitimité qui lui a, également,
longtemps été refusée? Comprendre ce qui pousse un adolescent ou une adolescente à
lire des mangas aujourd'hui oblige à procéder en deux temps. Tout d'abord, le manga
« s'encastre » parfaitement dans la « culture jeune » : il s'insère dans toute une
constellation d'intérêts, dont la musique, la sociabilité, le numérique, les pratiques
amateurs. Mais le manga est aussi le support d'appropriations savantes ou concrètes
(apprendre à dessiner, s'habiller, etc.), éthiques et identificatoires. La lecture
devient alors une façon de gérer les expériences passées, de faire travailler de manière
imaginaire les schèmes de son expérience personnelle, d'apprendre à exprimer les émotions,
et de participer à la construction de soi comme fille ou comme garçon. Bref, au-delà
du manga lui-même, c'est le ressort des pratiques de lecture adolescentes que cette
enquête met en lumière.