Note publique d'information : La phénologie de la reproduction a des conséquences majeures sur la valeur sélective,
et témoigne de la flexibilité des individus à répondre aux conditions environnementales,
en fonction de leur état physiologique. Les mécanismes proximaux sous-jacents restent
cependant très peu connus. Ce doctorat vise à explorer les processus hormonaux impliqués
dans l'ajustement de la date de ponte chez deux oiseaux marins polaires, la mouette
tridactyle et le pétrel des neiges. Dans un premier temps, une contrainte nutritionnelle
en période prénuptiale nous a permis d'associer une année tardive à une élévation
des taux de corticostérone (hormone de stress) et à une diminution des taux de LH
(hormone lutéinisante, déclencheur principal de la reproduction). Par ailleurs, un
retard expérimental de la reproduction provoque une sensibilité accrue au stress,
un déclin de la motivation parentale et un échec reproducteur. Grâce à des approches
descriptives et expérimentales, nous avons ensuite pu identifier le rôle de la corticostérone
sur l'ajustement individuel des dates de ponte et sur l'abstention de la reproduction,
via l'inhibition de la sécrétion de LH. Ce mode d'action fonctionnelle est toutefois
à nuancer entre mâles et femelles et entre espèces étudiées. Enfin, sachant que les
très jeunes et les très vieux oiseaux pondent tard dans la saison, voire s'abstiennent
de se reproduire, nous avons décrit les effets de l’âge (7-45 ans) et de la sénescence
sur la dynamique de la corticostérone et de la LH. À la lumière de ces résultats,
nous discutons de la possible orchestration hormonale de la phénologie, au carrefour
entre le stress environnemental et l’état individuel, dans le cadre théorique des
stratégies évolutives.
Note publique d'information : Breeding at the right time is a key-component of fitness, and requires flexible responses
to environmental conditions and physiological state. However, the proximate mechanisms
underlying this pattern remain poorly understood. This doctoral research aims to explore
the hormonal mechanisms that mediate the onset of egg-laying in two polar seabirds,
the blacklegged kittiwake and the snow petrel. First of all, a food-related stress
during the pre-laying period allowed us to associate a late-breeding year with high
levels of corticosterone (stress hormone) and with low levels of LH (luteinizing hormone
that triggers reproduction). Moreover, an experimentally delayed breeding promoted
an accentuated stress response, a decline of parental effort, and a high reproductive
failure. Descriptive and experimental approaches supported the role of corticosterone
in the individual adjustment of egg-laying dates and in the non-breeding decision,
through the inhibition of LH release. However, this functional action of corticosterone
differed between sex and between species. At last, we investigated the effects of
age (7-45 years old) and senescence on the dynamics of corticosterone and LH, since
very young and very old birds did not breed or bred late in the season. We discussed
the possible hormonal orchestration of reproductive henology, as an interaction between
environmental stress and individual state, in the theoretical framework of evolutionary
strategies.