Note publique d'information : Cette thèse examine les mutineries de 1917 en tant que mouvement social dans l'armée
française. Pour cela, le travail reconstruit les cadres sociaux et symboliques assurant
l'obéissance et le conformisme des combattants avant 1917, et examine ensuite le contexte
du printemps 1917 où une accélération d'évènements et de nouvelles perçues (avance
puis échec militaire, révolution russe, grèves, conférence de Stockholm) ouvre la
possibilité de la désobéissance collective. On mesure ensuite les formes et l'intensité
de la désobéissance, en étudiant la variété des pratiques (désertions, manifestations,
chahuts, refus de monter en ligne) par lesquelles les mutins refusent la guerre, allant
jusqu'à tenter de se rendre à Paris pour obtenir ou discuter la paix. Ces faits sont
dus à des groupes de mutins improvisés dont les propriétés sociales (jeunesse, niveau
relativement élévé de qualification) diffèrent de l'ensemble des combattants Ils réutilisent
les pratiques protestataires civiles et improvisent la désobéissance dans le cadre
hostile d'une armée en campagne, face aux efforts intenses de remise en ordre et de
répression des officiers et de l'institution militaire. L'étude du langage et des
vocabulaires des mutins permet pour finir de comprendre comment leur refus de guerre
s'inscrit dans les cultures politiques de la France contemporaine.
Note publique d'information : This dissertation studies the mutinies of 1917 as a social movement within the French
army. It endeavors to reconstuct the social and symbolic framework of obedience which
ensures combatants' participation and obedience in the war before 1917, then discusses
the contexts of spring 1917, when multiple news and events (military advance then
failure, stikes, Russian revolution, pacifist conference in Stockholm) open up the
possibility for a collective action against the war. The intensity with which war
is refused is reevaluated, through a description of disobedient soldiers' practices
( desertion, demonstration, unrest, refusal to march to the front lines), and a study
of the mutineers' attempts to reach Paris in order to discuss or enforce peace talks.
These actions are led by soldiers whose social characteristics (youth and level of
qualification) differ from that of most combatants. They employ protest techniques
and practices available in civilian life, improvising disobedience while officers
and the military institution attempt to suppress and repress their movement. Finally,
a study of the vocabulary and languages of protest deployed by mutineers permits to
understand the originalities of their action within the political cultures of contemporary
France.