Note publique d'information : Ce travail a pour corpus central les œuvres musicales de trois compositeurs contemporains
d’origine arabe : Ahmed Essyad, Zad Moultaka et Saed Haddad. Les démarches compositionnelles
de ceux-ci ont en commun qu’elles s’inscrivent dans la pensée critique propre à la
modernité musicale occidentale, tout en réinvestissant certains matériaux et procédés
dérivés de musiques traditionnelles orales du monde arabe. Aussi le matériau emprunté
à la musique orale se trouve à la fois déployé et néanmoins contrarié dans ce qu’il
pouvait induire comme conduite normative. Dès lors, l’élément musical de la culture
d’origine advient en se transformant, et laisse émerger ce faisant de nouvelles potentialités,
quitte à devenir alors non-immédiatement perceptible.En analysant les différents processus
d’un tel devenir, ce travail interroge la notion de tradition musicale et, à travers
elle, la catégorie de l’identité. Les grands bouleversements socioculturels observés
depuis l’époque industrielle ont si profondément atteint les pratiques musicales orales
que de telles catégories – tradition et identité – ne peuvent plus se présenter que
comme problématiques. Ce travail entend rendre compte du fait que le rapport au patrimoine
musical peut s’avérer être d’autant plus vif et fructueux dès lors qu’il s’affranchit
de l’impératif identitaire. Dans cette perspective, la contemporanéité est envisagée
comme distance critique essentielle par rapport à ce qui se présente comme immédiatement
donné, y compris son propre acquis culturel ; son champ opératoire devient a fortiori
la relation. Ces réflexions sont, du reste, inspirées d’auteurs comme Theodor Adorno,
Walter Benjamin et Édouard Glissant.
Note publique d'information : The central corpus of this work consists of three contemporary composers of Arab origin:
Ahmed Essyad, Zad Moultaka et Saed Haddad.Their compositional approaches have a shared
basis in the critical thought of western musical modernity, while at the same time
they reinvest certain materials and processes derived from traditional oral music
of the Arab-Berber world. In addition, the material borrowed from oral music is both
deployed and yet thwarted in what it could induce as normative conduct. Consequently,
the musical element of the culture of origin occurs by transforming itself, and lets
emerge new potentialities, which may not be immediately perceptible.Analyzing the
different processes of such a development, this work interrogates the notion of traditional
music as well as the category of identity contained within. The major socio-cultural
upheavals witnessed since the industrial period have so profoundly affected these
oral musical practices that such categories – tradition and identity – must be viewed
as problematic. This work intends to account for the fact that the relation to musical
heritage can prove to be all the more lively and fruitful as soon as it breaks with
the imperative of identity. From this perspective, contemporaneity is envisaged as
a critically essential distance in relation to that which presents itself as immediately
given, including its own cultural heritage. Its operative field becomes the a fortiori
relation. These reflections are influenced by the work of thinkers such as Theodor
Adorno, Walter Benjamin and Édouard Glissant.