Note publique d'information : Cette recherche se donne pour objet d’étudier comment la mentalité athénienne du Ve
siècle percevait le phénomène de la trahison, comportement d’hostilité d’un proche
envers sa communauté au bénéfice de l’ennemi extérieur. Même s’il n’existe pas pour
les Athéniens de mot ou d’expression qui regroupe toutes les manifestations de ce
comportement, le mot prodosia, par lequel ils désignaient l’action de livrer un proche
à l’ennemi, avec une extension de sens qui implique l’idée d’un abandon dans le danger,
est le plus proche de notre mot « trahison ». Les Athéniens ont défini précisément
les actes commis contre la cité dans ses rapports avec l’étranger en les soumettant
à la procédure spéciale de l’eisangélie : les caractéristiques de l’entente avec l’ennemi
au détriment de la cité permettent d’étendre à plusieurs d’entre eux la qualification
de prodosia, bien que la violence ouverte contre la patrie, acte d’adikia envers la
communauté, considérée comme sacrilège dans la mentalité commune, ne puisse être désignée
par ce terme. Il apparaît que la conception morale de la prodosia peut déborder sur
la définition juridique étroite du terme, d’ordre militaire et diplomatique, qui désigne
principalement la remise à l’ennemi d’un élément de la puissance de la cité. L’étude
de cette période, qui va de 500 environ jusqu’aux premières années qui suivent la
restauration démocratique de 403, montre que les crises et temps forts vécus par Athènes
ont encouragé, en relation avec l’histoire d’autres États, le grand empire perse,
mais aussi des communautés comparables, comme Sparte, Thèbes, ou les cités insulaires
alliées, et malgré les luttes civiles, la formation d’un sentiment d’appartenance
à une même communauté. Il apparaît qu’à la fin du siècle les Athéniens se trouvent
dans la situation non plus de se construire une identité commune, mais bien d’avoir
à gérer l’identité qu’ils ont forgée, avec les divergences qu’entraîne dès lors l’appréciation
du passé quand de celui-ci on…