Note publique d'information : En principe, la dignité humaine est une valeur fondamentale des sociétés démocratiques
et son respect une norme inconditionnelle. Si aujourd'hui sa protection institutionnelle
s'étend à des champs de plus en plus variés, son appropriation conflictuelle dans
les différentes sphères de la société n'en brouille pas moins la signification, au
point d'en relativiser la portée. D'où l'intérêt des textes publiés dans la première
partie de cet ouvrage. Consacrés aux principales problématiques culturelles, institutionnelles
et sociales contemporaines, ils nous invitent à y creuser la complexité de la notion
de dignité, l'évolution de ses usages, les déplacements qui s'y opèrent et les débats
que soulève le choix civilisationnel de considérer l'homme comme le bien le plus précieux
pour l'homme, d'obliger à son respect inconditionnel dans sa propre personne et celle
d'autrui. La dignité humaine et la dignité de Dieu sont-elles compatibles l'une avec
l'autre ? Plus encore, est-il possible d'envisager qu'elles se promeuvent réciproquement,
l'une grâce à l'autre ? Les rapports entre dignité humaine et divine ont très tôt
préoccupé la théologie chrétienne, quand il a fallu montrer que l'incarnation et la
kénose du Christ n'ôtaient rien à la dignité de Dieu, et qu'elles étaient la voie
par laquelle l'humain retrouvait la sienne. Si de cette manière Dieu n'est pas étranger
à notre condition humaine, c'est alors l'humanité commune qui est le lieu pour être
digne et agir dignement, et en premier lieu là où la dignité humaine est à l'épreuve
de sa vulnérabilité ou des dénis qu'on lui oppose. Dans le volet théologique de ce
volume, quatre contributions montrent l'actualité de la question, en soulignant l'importance
d'un « agir digne », sans lequel la dignité est réduite à une valeur incantatoire.
Or le combat pour la dignité, sous ses multiples formes, c'est aussi la dignité elle-même
qui se fraie un chemin d'humanisation : ce chemin qui n'est pas étranger à celui qu'emprunte
l'agir de Dieu, digne de lui en tant que salut de l'humain.