Note publique d'information : Le Livre de saint Jacques est une compilation à la fois religieuse, pseudo-historique
et littéraire, rédigée en latin dans la première moitié du XIIe siècle, qui exalte
le pèlerinage de Compostelle et la figure de saint Jacques. La perspective originelle
de ces textes est fondamentalement spirituelle, mais non point seulement édifiante
: à l'instar de la relique et du sanctuaire qu'ils célèbrent, ils visent à enraciner
le sacré dans l'espace et aussi dans l'histoire terrestres. Cependant, cette perspective
s'est progressivement estompée, et seule la quatrième partie du recueil, dite Chronique
de Turpin, qui conte les guerres conduites en Espagne par le Charlemagne des légendes
épiques, a connu, isolément, un succès et un rayonnement considérables, dans toute
l'Europe et même au-delà du Moyen Âge. Au prix d'une ambiguïté, sans doute, ou du
moins d'une métamorphose : séparée du contexte qui, initialement, faisait du récit
de « merveilles » la marque et la garantie de la présence du surnaturel, cette fausse
chronique a été perçue tantôt comme un témoignage à caractère historique, tantôt comme
une pure fiction littéraire. En même temps que s'estompait la perception profonde
du sacré se sont donc précisées aussi bien la conscience d'une forme d'historicité
que la reconnaissance du travail de l'imaginaire. C'est ce mouvement que les études
réunies dans ce volume s'efforcent d'éclairer, en examinant quelques aspects particulièrement
significatifs de la compilation du XIIe siècle, et les étapes les plus remarquables
de la diffusion, dans la longue durée et de la Scandinavie à l'Italie, de la tradition
issue de la Chronique de Turpin