Note publique d'information : Cette thèse se propose de mettre en lumière ce qui constitue l'une des tentations
majeures de la poésie moderne et contemporaine. Héritière douloureuse de Mallarmé,
cette dernière est plus que jamais consciente de la vacuité des mots et de l'impossible
langage. Toute certitude de nomination et de possession du monde étant désormais exclues,
il faut à la parole poétique traverser l'épreuve de l'anéantissement pour conquérir
un nouvel horizon. Cette esthétique du dénuement verbal qu'elle semble aujourd'hui
proclamer, pousse à son acmé le paradoxe de son entreprise. L'art du « logos » n'a
plus cette convoitise ardente de la parole ; l'objet du désir est maintenant dans
le silence, dans les blancs typographiques. Les poèmes minimalistes d'Eugène Guillevic,
Lorand Gaspar, Jacques Dupin et Claude Esteban semblent se disloquer sous nos yeux,
harcelés et tentés sans cesse par l'évidement, par l'aphasie. La présence au monde
du poème contemporain passe ainsi par cette expérience des confins, par cette absence
de mots comme si le chant primitif cherchait à travers le silence convoité à retrouver
un nouveau souffle.
Note publique d'information : The aim of this thesis is to highlight what constitutes one of the major temptations
of modern and contemporary poetry. Heiress of Mallarmé era, poetry is more than ever
aware of the vacuity of words and of the inexpressible. All certainty regarding the
qualifying and ownership of the world being excluded, poetry has to go throught the
ordeal of annihilation to conquer a new horizon. This aesthetics of verbal privation
which it seems to claim today, drives to its climax the paradox of its own existence.
The art of « logos » doesn't hold this passionate covetousness of the verba ; the
object of desire now stands in the silence and the typographic whites. Eugène Guillevic's,
Lorand Gaspar's, Jacques Dupin's ans Claude Esteban's minimalist poems seem to dismantle
before our eyes, always harrassed and tempted by the hollowing-out, by the aphasia.
The contemporary poem's presence in the world, thus, comes trought this experience
of furthermost bounds, this ineffable absence of the world, as if the original chant
was trying to find again a new breath through the coveted silence.