Note publique d'information : La sclérose en plaques (SEP) est une pathologie dysimmunitaire, inflammatoire et démyélinisante
du système nerveux central (SNC) dont l'origine demeure inconnue. Plusieurs arguments
évoquent le rôle de l'auto-immunité et la participation de l'immunité humorale, dans
la maladie (production intrathécale d'IgG, présence de lymphocytes B et d'immunoglobulines
dans les plaques de démyélinisation). En revanche, les cibles du processus auto-immun
restent mal définies. Grâce au développement d'une approche " immunoprotéomique ",
le laboratoire a mis en évidence des profils discriminants d'auto-réactivité dépendants
d'IgG sériques et a caractérisé de nouvelles cibles moléculaires dans la SEP. La chronologie
des événements et les mécanismes responsables de l'altération du répertoire lymphocytaire
B auto-immun restent à déterminer. Dans un premier temps, nous avons mis en place,
un modèle animal de SEP appelé encéphalomyélite auto-immune expérimentale (ou EAE).
Cette approche nous permet d'étudier la dynamique d ‘évolution de l'autoréactivité
vis-à-vis de SNC sain, au cours du processus encéphalitogène. Un protocole d'EAE a
été réalisé chez la souris SJL/J par injection du peptide 139-151 de la protéolipoprotéine
(PLP) dans des conditions immunisantes (groupe EAE). Ces profils ont été comparés
à ceux obtenus dans deux groupes contrôles : un groupe de souris SJL/J saines ; un
groupe recevant l'excipient composé d'un adjuvant et de toxine pertussique, sans le
peptide (groupe CFA/BPT). Cette analyse dynamique a confirmé l'existence de profils
de réactivité discriminants. Dans le groupe contrôle sain, une autoréactivité naturelle
a observée avec des variations inter-individuelles. Chez les souris CFA/BPT, nous
avons observé des modifications modestes de l'autoréactivité, sans signe clinique,
ni signe histologique de démyélinisation. En revanche, les souris du groupe EAE ont
présenté les variations de réactivités les plus notables de J0 à J28. six antigènes
discriminants ont été caractérisés sans pouvoir préjuger de leur implication dans
des mécanismes pathogènes ou neuroprotecteurs. Afin de compléter notre étude, nous
avons développé des modèles permettant la réalisation d'analyses comparées après immuno-manipulation
des souris testées. Dans cette perspective, nous avons étudié l'évolution de l'EAE,
soit après traitement par des drogues anti-allergiques, soit après transfert ou déplétion
de cellules T régulatrices. Dans chacun de ces modèles, la modulation de la réponse
immune s'accompagne de modifications significatives des profils d'autoréactivités
dépendants d'IgG. Certaines réactivités sont associées à des processus d'aggravation,
d'autres à des processus de résolutions partielles ou totales. L'analyse protéomique
a permis la caractérisation de certaines cibles moléculaires impliquées (Internexine
du neurofilament et pathogénicité ; malate déshydrogénase et résolution). Ces premières
données, qui soulignent la participation d'antigènes ubiquitaires peuvent aboutir
à terme, à l'identification de nouveaux bio-marqueurs. La caractérisation de ces cibles
peut aussi contribuer à mieux appréhender la physiopathologie de la SEP.