Note publique d'information : L’armistice du 11 novembre 1918 met fin à quatre années de guerre durant lesquelles
les couples et les familles, séparés, ont dû s’adapter à la nouvelle configuration
familiale que le conflit imposait et vécu des expériences inédites et dissemblables.
Durant l’épreuve, ils ont tenté, pour la plupart, de maintenir vivantes les attaches
brutalement rompues par la mobilisation massive et, à l’aune des événements, ont pensé,
par le truchement des lettres échangées, leurs relations conjugales et familiales.
Mais les cloches qui fêtent le silence des armes ne sonnent pas pour autant la démobilisation
à l’échelle intime, à commencer par celles et ceux qui ont perdu leur mari, leur père
à la guerre. Nombre d’anciens combattants gardent dans leur corps, dans leur esprit
et dans leur mémoire les traces d’une guerre qui peine à s’effacer et que les tensions
de l’entre-deux-guerres, tant économiques, sociales que politiques, viennent, dans
l’intime plus qu’ailleurs, réactiver. La guerre irrigue en profondeur toute la société
tout à la fois par l’empreinte qu’elle a gravée dans les corps et dans les sens, que
par les expériences conjugales et familiales qu’elle a données à vivre et qui ont
modifié durablement les regards posés sur soi, sur l’autre et donc sur la vie ensemble.
Dans un contexte de raidissement des identités stéréotypées de genre et de réaction
morale (qui pérennisent un argumentaire de guerre), les traces multiples laissées
par le conflit font vaciller, dans les comportements intimes, les marqueurs identitaires
des fonctions paternelles et maternelles traditionnelles et la représentation même
du couple.
Note publique d'information : The November 11, 1918’ armistice ended up four years of war during which couples and
families had to adapt to the new family’s settings that the conflict imposed, and
they lived unknown and dissimilar experiences. Facing this harsh experiment, most
of them tried hard to maintain alive the links and bonds brutally broken by massive
mobilization and, according to the events, thought about their marital and family
life, through the mean of mailed letters. But the clocks that rang to the celebration
of armless silence were not to ring for the private demobilization, starting with
those who had lost their husband, their father during the war. A number of World war
I’s veterans were marked - in their body, in their mind and in their memories-, by
the traces of a war which was reluctant to fade, and that the tensions during the
interwar period -whether they were economical, social or political – refreshed in
privacy, more than in any other place. The war deeply irrigated all the society, on
the one hand through the print that it left in the bodies et in the feelings, and
through the marital and familial experiences it made true, and that modified sustainably
the vision one had on himself and on the other, and, thus, on common life. In a time
of gender stiffening stereotyping identities and of moral steepness – that strengthened
war propaganda for long – the multiple traces left by the conflict shacked, in private
behaviors, identity markers of traditional maternal and paternal functions, as well
as the way the couple viewed itself.