Note publique d'information : Au sein des Campanulaceae, le genre Campanula L. (de 420 à 600 spp., suivant les auteurs)
largement distribué dans les régions tempérées de l’Hémisphère Nord, est le plus important
de la famille. Situé en zone tropicale dans l’océan Atlantique, l’archipel volcanique
du Cap-Vert, le plus méridional de la Macaronésie, abrite quelques espèces de ce genre
dans les îles occidentales (4 spp.). Inféodées aux milieux rupicoles humides d’altitude,
elles se caractérisent par leur port suffrutescent – reflétant ainsi un des aspects
du syndrome insulaire – et une remarquable diversité morphologique florale largement
mésestimée jusqu’alors. En préalable au volet taxonomique, nous avons été amenés à
étudier un abondant matériel d’herbier. Confrontés à des spécimens sans nom de collecteur,
nous avons pu, après recherche, identifier ce dernier : João da Silva Feijó. Un chapitre
entier est dédié à son séjour dans l’archipel et à ses collections. Ce travail de
thèse a ensuite consisté à clarifier la taxonomie du genre, une à quatre espèces étant
retenues jusqu’à maintenant. Nos propres observations de terrain (2009–2017) avaient
déjà permis de noter le caractère discriminant de la forme de la corolle. Le matériel
d’herbier ne permettant pas de retrouver cette forme initiale de la corolle observée
sur le terrain, une étude de morphométrie géométrique de ce caractère à partir de
photographies prises in situ, a levé cette difficulté. Les résultats ont révélé une
concordance entre les entités morphologiques et leur distribution géographique, confirmant
ainsi l’importance de la corolle comme caractère diagnostique. En s’appuyant sur cette
étude, nous proposons une révision taxonomique selon le concept d’espèce morphologique,
conduisant à porter leur total à sept espèces. Dans un second volet, nous abordons
l’histoire évolutive des campanules capverdiennes. Comme les études antérieures, nos
résultats confirment leur monophylie. Placées en groupe frère d’espèces afro-arabiques
(C. balfourii et C. keniensis), elles auraient divergé d’un ancêtre commun continental
il y a environ 1,4 Ma et leur colonisation dans l’archipel serait étroitement liée
aux fluctuations climatiques du Pléistocène. Quant à leur diversification, elle aurait
démarré il y a environ 460 000 ans. Si les seules phylogénies moléculaires ne permettent
pas de résoudre les relations de parenté au sein du clade capverdien, en revanche,
les analyses en total evidence couplées à l’étude des caryotypes offrent une meilleure
résolution et soutiennent nos choix taxonomiques.
Note publique d'information : Within Campanulaceae, Campanula L. (420 to 600 spp. depending on the authors) is the
most important genus, being widely distributed in the temperate regions of the Northern
Hemisphere. Located in the tropical northern Atlantic Ocean, at the southernmost limit
of Macaronesia, the volcanic archipelago of Cape Verde harbours some species of Campanula
in the western islands (4 spp.), where they are confined to humid rupicolous habitats
in the highlands. These plants are characterised by a suffrutescent habit – thus reflecting
one of the hallmarks of the insular syndrome – and a remarkable floral morphological
diversity, which has been largely underestimated. Taxonomic treatment, was preceded
by a thorough study of herbarium material, during which we have been confronted with
specimens with a missing collector. After research, we were able to identify the collector
as João da Silva Feijó. An entire chapter is dedicated to his stay in the archipelago
and his collections. Subsequently, this doctoral thesis work consisted in clarifying
the taxonomy of Campanula in Cabo Verde, wherein one to four species are accepted
to date. Our own field observations (2009–2017) soon made evident the discriminating
value of corolla shape among these plants. A study of geometric morphometry of the
corolla shape based on photographs taken in situ allowed us to overcome the impossibility
of studying the initial variation of this trait using herbarium material. The results
revealed a concordance between the morphological entities and their geographic distribution,
thus confirming the importance of the corolla as a diagnostic trait. Based on this
study, we propose a taxonomic revision according to the morphological species concept,
which raises the total number of species to seven. In a second part, we addressed
the evolutionary history of Cape Verdean bellflowers. In agreement with previous studies,
our results confirm their monophyly. They are sister to a group of Afro-Arabian species
(C. balfourii and C. keniensis), from which they diverged from a common continental
ancestor about 1.4 Mya. Accordingly, their colonisation of the archipelago would be
closely linked to climatic fluctuations during the Pleistocene, and their diversification
has started around 460 kya. Contrary to molecular phylogenetic analyses, which alone
fail to resolve the relationships within the Cape Verdean clade, total evidence analyses
coupled with a karyotypic study enable a better phylogenetic resolution and support
our taxonomic choices.