Note publique d'information : Introduction : Les infections de prothèse articulaire (IPA) à Cutibacterium acnes
(C. acnes) représentent environ 10 % des IPA. Il n'existe à ce jour pas d’antibiothérapie
(ATB) qui a fait la preuve de son efficacité. Les fluoroquinolones du fait de leur
bonne diffusion osseuse et leur tolérance constituent un traitement de référence des
IPA à staphylocoques et sont régulièrement utilisés pour les IPA à C. acnes. Malgré
des données in vitro retrouvant une inefficacité sur le biofilm de C. acnes. Cette
étude a donc voulu étudier l'impact des fluoroquinolones sur les infections de prothèses
articulaires à Cutibacterium acnes. Matériel et Méthodes : Etude rétrospective analytique
multicentrique au sein du CRIOAC Nord-Ouest (CHU d'Amiens, de Caen, de Lille, de Rouen
et CH de Tourcoing). Inclusion de tous les patients ayant présenté une IPA prouvée
à C. acnes. Les patients étaient répartis en deux groupes : un groupe ayant reçu une
association d’antibiotiques à base de fluoroquinolones (FQ+) et un groupe sans (FQ-).
Les données démographiques, cliniques, paracliniques et thérapeutiques (médico-chirurgicales)
étaient colligées. L’objectif principal de l’étude était de déterminer le succès thérapeutique
en fonction du régime d’antibiotiques (FQ+ vs FQ-). Les objectifs secondaires étaient
de déterminer le succès thérapeutique en fonction de la technique chirurgicale utilisée,
déterminer le délai d’échec et le délai de rechute/récidive en fonction du traitement
et en fonction de la technique chirurgicale employée et de déterminer l’apparition
d’effets indésirables. Résultats : Quatre-vingt-dix-neuf patients ont donc été inclus
et séparés en deux groupes : le groupe de patients ayant reçu des fluoroquinolones
(FQ+, n= 40) et le groupe de patients n’ayant pas reçu de fluoroquinolones (FQ-, n
= 59). Les patients étaient en majorité des hommes, avec un âge médian de 67 ans et
un IMC médian à 28,9. Les principaux antécédents retrouvés étaient un diabète (27,3%)
et une cardiopathie (26,3%). La majorité des patients présentaient des douleurs (96,8%),
une fistule était présente dans 24%. La radiologie était normale (28,1%) ou retrouvait
une ostéolyse (32,3%) ou des signes de descellements (32,3%). La CRP médiane était
à 17mg/L sans hyperleucocytose. Il n’y avait pas de différence significative sur les
données démographiques, cliniques et paracliniques. Le taux d’échec global était de
20,2% à 12 mois (14,7% de rechute/récidive). Le délai médian d’échec était de 111
jours. Il n'y avait pas de différence significative en termes d'échec entre les deux
groupes (p = 0,13) mais une augmentation significative du risque de rechute/récidive
dans le groupe FQ+ (p = 0,045). En analyse multivariée, il était retrouvé une augmentation
du risque d'échec global quand le patient était traité par irrigation lavage articulaire
(HR 3,56 [1,29 ; 9,81]) et une réduction significative du risque lorsque le patient
était traité par rescellement en 1 temps (HR 0,21 [0,07 ; 0,60]). Il n’existait pas
d’influence du traitement par fluoroquinolones sur l’échec en analyse multivarié (HR
0,95 [0,30 ; 3,05]). Conclusion : Les fluoroquinolones n’apparaissaient pas comme
un facteur de risque majeur d’échec dans le traitement des IPA à C. acnes. Par ailleurs,
un traitement chirurgical par changement de prothèse en 1 temps était un facteur de
bon pronostique. Une étude rétrospective sur l’ensemble des centres IOAC français
pourrait permettre de valider ces résultats et de conclure sur la place des fluoroquinolones
dans l’arsenal thérapeutique.