Note publique d'information : La fin du Pléistocène (~75-15 ka) est une période clé pour la préhistoire de la Vallée
du Nil. Au gré des changements climatiques de cette période, les populations humaines
du Paléolithique moyen et récent ont dû s’adapter à un Nil changeant. En particulier
la baisse, voire l’assèchement, de grands lacs est-africains dont le lac Victoria,
a réduit le Nil Blanc à un fleuve très saisonnier, privant ainsi le Nil de son affluent
le plus important. Cela a eu de profondes conséquences, bien qu’encore débattues,
sur le comportement du Nil à cette période, et donc sur les populations humaines vivant
à proximité. Les études génétiques et paléoanthropologiques mettent en évidence en
Afrique à cette période une forte substructure de populations, suggérant une alternance
de phases de dispersions majeures des Hommes modernes au sein du continent africain,
ainsi que hors d’Afrique et de retour en Afrique, avec des phases d’isolement relatif
de populations, qui sont peut-être à mettre au regard de la création de refuges environnementaux
au gré des fluctuations climatiques de cette période. Comprendre dans quelle mesure
la variabilité technologique observée en Afrique du Nord-Est entre 75000 et 15000
ans est liée aux changements environnementaux et/ou aux possibles contacts entre différentes
populations humaines est essentielle dans ce contexte. Les témoins archéologiques
les mieux conservés pour cette période sont les assemblages archéologiques, le plus
souvent lithiques. Cependant, l’utilisation de différentes terminologiques, culturelles
et techno-typologiques, empêchent toute comparaison systématique entre la Vallée du
Nil et les régions voisines, et résultent en un isolement artificiel de cette région.
Cette monographie réunit des contributions proposant des synthèses actualisées et
de nouvelles données sur l’enregistrement archéologique, paléoenvironnemental, paléoanthropologique
et géologique de l’Afrique du Nord-Est, ainsi que l’Afrique du Nord, l’Afrique de
l’Est et le Levant entre 75000 et 15000 ans. Bien que l’Afrique du Nord-Est, et la
Vallée du Nil en particulier, constitue l’une des routes possibles de migrations hors
d’Afrique, peu d’études récentes permettent de mettre en perspective les données disponibles
pour cette région dans un contexte macro-régional. Cette monographie permet d’explorer
des questions d’actualité, telles que la capacité d’adaptation des Hommes modernes,
en particulier aux changements climatiques, ainsi que les interactions et dispersions
humaines dans le passé à travers une approche pluridisciplinaire.