Note publique d'information : Ma thèse analyse les liens entre le radicalisme français, l'activisme catholique post-Vatican
II et les mouvements de protestation mexicains afin de fournir la première histoire
transnationale de la Política Popular (Politique populaire). Ce groupe maoïste, le
plus influent du Mexique, trouve ses racines dans l'éducation intellectuelle d'Adolfo
Orive, élève de l'économiste Charles Bettelheim, qui a passé quatre ans à Paris dans
les années 1960.Je m'appuie sur des sources d'histoire orale et des archives officielles
et privées de cinq pays pour construire un récit à plusieurs niveaux du maoïsme français
et situer le cas mexicain et ses militants dans le contexte mondial plus large du
militantisme de gauche des "Global Sixties" (c.1956-c.1976). Il s'agit d'une époque
de radicalisme en Amérique latine qui a accordé une grande attention à l'impact de
la Révolution cubaine et à la présence impérialiste des États-Unis dans la région,
mais qui n'a pas tenu compte du rôle de l'Europe occidentale, de la Chine maoïste
et de la question religieuse.Pour compliquer ce récit, je soutiens que l'idée d'une
politique de ligne de masse qui a largement défini l'époque se superpose aux aspects
progressistes du catholicisme. Les dirigeants de ces deux mouvements ont permis la
formation de coalitions politiques et ont partagé une compréhension similaire des
modèles de développement économique (industrialisation, migration vers les villes,
agitation rurale) qui ont permis l'émergence d'un "scénario" maoïste d'activisme dans
les communautés rurales, d'insertion dans le syndicalisme de l'industrie métallurgique
et de mobilisation des nouveaux migrants urbains. Issues des universités parisiennes,
des écoles de Pékin et des milieux catholiques, les idées révolutionnaires françaises
de l'époque ont joué un rôle fondamental dans l'émergence d'une gauche transnationale
qui s'est identifiée à la Révolution culturelle chinoise. Il s'agissait d'un phénomène
mondial avec des parallèles en Europe occidentale et dans les Amériques, qui a façonné
le destin de la Nouvelle Gauche.En plus de rassembler les études sur la Nouvelle Gauche
radicale et le catholicisme progressiste dans le contexte transnational des Global
Sixties, je décentre l'histoire du radicalisme étudiant au Mexique à partir de la
Capitale nationale et de l'année 1968. Je réponds ainsi à une série de questions qui
n'ont pas reçu suffisamment d'attention de la part des historiens : Comment les étudiants
et les religieux mexicains ont-ils été impliqués dans les réseaux transnationaux de
pensée radicale ? Comment ont-ils apporté ces idées à leurs communautés ? Et comment
leurs interactions ont-elles façonné le radicalisme des Global Sixties ?
Note publique d'information : This dissertation analyzes the links between French radicalism, post-Vatican II Catholic
activism, and Mexican protest movements to provide the first transnational history
of Política Popular (People's Politics). This was the most influential Maoist group
in Mexico with roots in the intellectual upbringing of Adolfo Orive, a student of
the economist Charles Bettelheim, who spent four years in Paris during the 1960s.I
rely on oral history sources and official and private archives from five countries
to build a multilayered narrative of French Maoism and situate the Mexican case and
its activists in the broader global context of the leftwing militancy of the “Global
Sixties” (c.1956—c.1976). This is an era of radicalism in Latin America that has paid
important scholarly attention to the impact of the Cuban Revolution and the imperialist
presence of the US in the in the region, but which has failed to look at the role
of Western Europe, Maoist China, and religion.In complicating this narrative, I argue
that the idea of mass line politics that largely defined the era overlapped with progressive
aspects of Catholicism. Leaders of both of these movements enabled political coalitions
and shared similar understandings of economic patterns of development (industrialization,
migration to the cities, rural unrest) that allowed for the emergence of a Maoist
“script” of activism in rural communities, insertion in the metal industry unionism,
and mobilization of new urban migrants. Coming out of Parisian universities, Beijing
schools and Catholic circles, the French Revolutionary ideas of the era played a fundamental
role in the emergence of a transnational Left that identified with the Chinese Cultural
revolution. This was a global phenomenon with parallels in Western European and across
the Americas that shaped the fate of the New Left.In addition to bringing together
the scholarships of the radical New Left and progressive Catholicism in the transnational
context of the Global Sixties, I decenter the history of student radicalism in Mexico
from both the nation's capital and the year 1968. In this effort, I answer a set of
questions that have not received enough attention from historians: How did Mexican
students and priests get involved in transnational networks of radical thinking? How
did they bring those ideas to their communities? And how did their interactions shape
the radicalism of the Global Sixties?