Note publique d'information : Dans ce travail, nous nous sommes intéressés aux tumeurs vésicales de stade pT1 et
de grade histologique G3, caractérisées par leur évolution aléatoire. Le risque de
progression à 5 ans est de 40 %, et le risque de décès spécifique à 10 ans de 36 %.
Les connaissances actuelles ont mis en évidence l’existence de deux voies dans la
tumorigénèse urothéliale, l’une favorisant le développement de tumeurs de bas grade,
et l’autre aboutissant à des tumeurs de haut grade pouvant évoluer vers l’infiltration.
Actuellement, aucun marqueur biologique caractérisant les tumeurs à fort potentiel
évolutif, et prédisant l’efficacité thérapeutique n’a été rapporté dans la littérature.
Depuis quelques années, de nombreux travaux s’intéressent à la voie moléculaire de
la PI3 kinase, impliquée dans l’oncogénèse de multiples cancers. Elle fait intervenir
plusieurs constituants : des récepteurs tyrosine kinase tels que la protéine FGFR3,
des sérine-thréonine kinases telles que les protéines AKT et mTOR, et des phosphatases
régulant négativement cette voie telles que PTEN. À ce jour, aucune étude n’a porté
sur l’expression immunohistochimique de ces protéines dans le modèle de cancer de
vessie pT1G3. L’originalité de notre travail a consisté à caractériser le profil immunophénotypique
des formes activées des protéines PI3K, AKT 308, mTOR, FGFR3 et PTEN dans une série
de 86 tumeurs de vessie de stade histologique pT1 et de grade cytologique G3, et de
le corréler aux critères histopronostiques et évolutifs. L’analyse descriptive immunohistochimique
révèle une modification du marquage dans les zones de haut grade par rapport aux zones
de bas grade : avec PI3K et FGFR3, il apparaît granuleux, de type golgien (60 % et
40 % respectivement) ; avec PTEN, il devient membranaire (60 %) et nucléaire (25 %)
et pour mTOR un renforcement membranaire net (20 %) et une très forte expression dans
certains foyers de cellules parabasales sont observés. Ainsi, l’expression des protéines
de la voie PI3 Kinase est mise en évidence dans le noyau, le cytoplasme ou sur la
membrane des cellules tumorales de haut grade G3, qu’elles appartiennent au contingent
invasif (pT1) ou non invasif (pTa). L’analyse statistique montre qu’une expression
faible de p-AKT 308 (score inférieur à 100) dans les zones non invasives est corrélée
à la survenue d’une récidive précoce (p<0,05), apparaissant comme un facteur péjoratif.
Pour FGFR3, une expression faible (score inférieur à 100) dans les zones non invasives
est associée à une évolution sans infiltration, de bon pronostic (p<0,05). Pour mTOR,
une tendance à la récidive est observée chez les patients ayant un score inférieur
à 200 dans les zones non invasives (p=0,069). Pour les autres marqueurs, les scores
ne sont corrélés ni à la récidive, ni à l’infiltration. Ainsi du point de vue statistique,
les corrélations significatives intéressent plus nettement le contingent non invasif
pTaG3 que l’invasif. Ces données novatrices confirment l’implication de certaines
protéines de la voie PI3 kinase dans l’évolution de la pathologie tumorale, et plus
particulièrement pour le contingent de haut grade G3, invasif ou non. Des méthodes
plus fines d’analyse, telles que la microdissection ou le tissu micro-array permettraient
de mieux cibler les zones à étudier et d’en extraire un profil de stimulation. Un
échantillonnage plus important, ciblant plus particulièrement l’expression de la protéine
mTOR permettrait de confirmer la tendance à la récidive chez des patients ayant un
score inférieur à 200 dans les zones non invasives et/ou supérieur à 200 dans les
zones invasives. Ceci pourrait avoir un éventuel impact thérapeutique notamment par
l’utilisation des inhibiteurs de mTOR, actuellement en plein développement.