Note publique d'information : Le modèle fonctionnel de la dynamique des populations d'ongulés sauvages, ainsi que
les outils de gestion de ces populations, ont principalement été établis à partir
de l'étude de populations vivant en zone tempérée, et généralement inexploitée. Or,
la majorité des espèces d'ongulés vivent en zone tropicale non protégée, où elles
sont confrontées à des contraintes écologiques et anthropiques particulières, susceptibles
de produire des profils démographiques et des processus de régulation spécifiques.
Dans le cadre de cette étude, nous nous sommes interrogés sur la possibilité d'appliquer
les connaissances techniques et fondamentales qui émergent des études à long terme
en zone tempérée dans le contexte des zones tropicales non protégées, afin de dériver
des outils d'aide à la gestion. Cette étude a été réalisée dans un contexte d'appui
à la gestion communautaire de populations d'ongulés exploitées pour la chasse et la
production de viande, dans une zone rurale de la vallée du Zambèze au Zimbabwe, dans
le cadre des activités menées par une équipe du CIRAD, engagée depuis 1996 dans un
projet de conservation et de développement durable financé par le FFEM. Dans le contexte
d'un paysage rural africain, marqué par des contraintes techniques, économiques et
sociales particulières, nous avons montré que le suivi des populations d'ongulés pouvait
être réalisé selon une méthodologie standard de comptage avec le concours des communautés
rurales gestionnaires, grâce au développement d'outils adaptés en terme de coût et
de technicité. Dans le contexte écologique tropical, les populations sont classiquement
considérées comme limitées par la variabilité climatique et la prédation. Dans le
cas des populations gérées pour des objectifs de production, l'étude d'une population
marquée d'impalas (Aepyceros melampus) a montré que l'intensification de la densité
peut conduire à une réponse densité-dépendante de certains paramètres, tels que la
qualité du régime alimentaire, la condition corporelle et le recrutement. Dans un
milieu naturel géré, l'étude de la distribution de la population d'impala révèle que
les facteurs anthropiques interagissent avec les facteurs écologiques sur les critères
de sélection de l'habitat. L'hétérogénéité spatiale de la qualité des habitats, qui
naît des contraintes écologiques et anthropiques pour l'accès aux ressources, est
un facteur de structuration spatiale de la population et une source de variabilité
inter individuelle, mise en évidence dans notre étude en terme de qualité du régime
alimentaire, de condition corporelle et de tactique de mobilité saisonnière